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Par Marmota1951 le 11 Mai 2020 à 04:25
La fermeture de l’usine
Ouf ! C’est terminé. Je laisse derrière moi mes longues et dures journées de travail. Je referme la porte du bureau avec, dans ma poche ma paye, mes congés payés et mes indemnités de licenciement. Certe, la somme est conséquente, mais qu’est-ce si l’on pense que j’ai passé plus de temps au travail qu’à la maison avec mes enfants?. Toutes ces années de labeur se résume en un chèque que je m’empresse de porter à la banque, car demain elle sera fermée. Toutes ces semaines, ces mois, ces années, fatiguée, malade, parfois avec de la fièvre, j’ai travaillé dur, debout et dans une chaleur étouffante. Je prenais des congés maladie quand les enfants étaient malade, jamais pour moi. 30 ans de bons et loyaux services et l’usine ferme. Nous sommes tous égaux devant cette fatalité. 400 personnes se retrouvent dehors. Un point final de la plus grande partie de ma vie. Le chèque ne pèse pas lourd et pourtant, il me semble que, tout à coup je porte le poids du monde sur mes épaules. C’est dur à assumer ce départ, même si ça faisait quelques mois déjà que nous négociions avec les directeurs et le patron. Une page est tournée. Je prends place derrière le volant de ma voiture et je pleure, je pleure……
Je démarre et rentre dans cet appartement que je loue en collocation avec Zoé. Je prépare le repas tandis que mon amie repasse. Il n’y a pas de grands discours, Zoé attend que je prenne la parole, elle me connaît bien. Je lui demande simplement si elle veut venir voir le film que passe le syndicat à la salle des fêtes : Germinal, d’Emile Zola. Il tombe bien ce film!. Moi, j’y vais car le débat qui va suivre après m’intéresse. Demain, j’irai au défilé.
Le film m’a bien plus. Le débat contre l’injustice et les conditions de travail dans les mines était très animé. La soirée s’est terminée avec des gâteaux et un peu d’alcool et je suis rentrée pour me coucher. Je revoie tous ces personnages du film et finis par m’endormir…
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Par Marmota1951 le 11 Mai 2020 à 04:20
Ma décision.
Le soleil se lève à peine et déjà je prends mon petit déjeuner. La nuit a été bonne et je suis en forme, prête à refaire le monde. J’ai décidé de partir au hasard, avec mon chien, coquin, un petit caniche abricot…. Mais tout d’abord, je vais participer à la manifestation du premier mai. J’ai préparé une banderole, il y quelques jours. Je m’en saisi et me perds parmi les manifestants qui crient des slogans. Ils veulent des salaires raisonnables et la sécurité de l’emploi. Tous les ans les mêmes désirs et jamais rien ne se concrétise. Il est déjà midi. J’achète quelques courses pour mon départ, car les magasins seront fermés cet après midi. Ça et là quelques jeunes proposent leur brin de muguet porte-bonheur. A tout hasard, j’en achète un pour moi et l ‘autre je l’offrirai à mon amie Zoé. On ne sait jamais! Pourquoi n’aurai-je pas de chance un jour?. Elle a préparé le repas que nous prenons en discutant de ma décision de partir. Je lui donne trois mois de loyer d’avance, pour qu’elle n’ai pas de problème de paiement. Je l’aide à ranger la maison et monte dans ma chambre pour préparer mon sac à dos. Il ne faut rien oublier surtout. Je prends un matelas léger et qui se roule bien et mon sac de couchage. Je l’attache à mon sac à dos, ainsi que deux casseroles et une poêle. Trois cuillères , trois fourchettes , trois assiettes, un opinel, une petite gamelle pour Coquin, deux briquets, mon mini camping gaz et le tour est joué. Les assiettes serviront aussi de plat. Dans deux bouteilles d’eau, je verse un peu d’huile et dans l’autre du vinaigre, je prends une grande bouteille d’eau pour la route. Pour manger, j’ai trouvé des soupes et des pâtes en sachet, j’ai pris des sardines et autres poissons du fromage sec que m’a donné la voisine, des fruits et le pain. Je ne me charge pas trop en vêtements, j’ai un k-way qui me préservera du froid et de la pluie, mais je prends deux paires de chaussures pour marcher, car il faut changer de temps en temps pour éviter d’avoir mal aux pieds. Une brosse à cheveux, la brosse à dent , le dentifrice et ma crème pour les mains qui me sert pour tout, sera mon nécessaire de toilette. Je m’assoie sur mon lit et vérifie que je n’ai rien oublié. Je couds une poche à l’intérieur de mon panta- court, pour y mettre en sûreté ma carte d’identité, ma carte bancaire, de sécurité sociale et un peu d’argent liquide. Je suis enfin prête. Je descends terminer l’après midi avec Zoé. Nous dînons et regardons un peu les informations. Bien sûr, il est question des défilés qui ont eu lieu dans toute la France et autres pays, mais j’attends surtout la météo. IL fera beau toute la semaine. J’espère qu’il ne se trompe pas, il est vrai qu’il a plu presque tout le mois d’avril!!!. Après le film, je monte me doucher et regarde de nouveau mon sac: Je me couche, je ferme les yeux, mais j’ai du mal à m’endormir. Je pense à ma vie. Je suis une femme, plutôt petite et ronde, les cheveux bruns, longs et légèrement ondulés, les yeux bleus. J’ai la cinquantaine, mon divorce s’est bien passé et j’ai eu la garde de mes deux enfants. Ma fille s’est mariée jeune, tout comme moi et à quarante ans, j’étais grand mère. Marine à dix ans. Son frère ainé qui a deux ans de plus c’est marié, il y a cinq ans et a un petit garçon de trois ans, Estéban. Ma vie n’a pas été très rose, mais j’ai toujours travaillé dur et j’ai donné ma vie de labeur à mes enfants. Quand je me suis retrouvée seule, j’ai pris une collocation à la fois pour raison financière et pour combler le vide fait par le départ des « petits ». Je n’ai jamais quitté mon petit village du massif central, entre Gignac et Montpellier. La ville est seulement à 4km et …. jamais d’embouteillage pour aller au travail!. J’ai de l’argent de côté, en y ajoutant le chèque d’hier, je suis tranquille pour un moment. Je chercherai du travail plus tard, pour aller jusqu’à ma retraite, il me reste dix ans!.
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Par Marmota1951 le 11 Mai 2020 à 04:15
Le départ
Le départ
Je me réveille toute excitée à la seule pensée de partir. J’adore marcher, faire des randos, dormir dans la voiture ou sous ma petite toile de tente, selon le temps et les saisons, rencontrer des gens nouveaux….. La nature m’enchante et me laisse rêveuse. Entrer dans la vie des gens, au hasard de mes pérégrinations m’aide à voir la vie autrement. Je saute du lit, me douche, sors mes draps et plie les couvertures. Je laisse tout bien rangé et descends prendre mon petit déjeuner. Je fais du café et cuis deux oeufs avec trois tranches de « ventrêche » (poitine de porc, salée et séchée par mes soins ou jambon du pauvre). Je bois un jus d’orange et termine par un bon café. Mon amie n’est pas encore levée. Coquin, qui a compris (le sac à dos, il sait ce que ça veut dire) saute partout. Je vais dire au revoir à Zoé qui me fait mille recommandations. Je mets mon sac sur le dos, je prends mon bâton, ferme la porte et me voilà partie pour une nouvelle aventure.
Il est 8h30. Je pense faire quatre km à l’heure de moyenne. Rapidement je sors de mon petit village et atteins la ville. Je ne rencontre que quelques personnes inconnues qui se retournent sur mon passage. Mon village forme un triangle entre Gignac et Montpellier et il y a quatre km pour atteindre Gignac, petite ville. Je prends bien sûr les routes de campagne, pour éviter le gros de la circulation et permettre à Coquin de se promener sans sa laisse.
A midi, j’ai fait 12 km. Je fais une pause pour le déjeuner. Quelques tartines de pâté et de fromage sec, un fruit et un peu d’eau me revigore. Je paraisse un peu au soleil, comme les lézards et me laisse captiver par le manège des fourmis qui viennent chercher mes miettes de pain. Elles sont bien courageuses!, si petites avec de si gros morceaux à traîner!!. Parfois, elles se mettent à deux pour tirer leur charge jusqu’à la fourmilière. Coquin a apprécié sa gamelle d’eau et grignoté ses croquettes. Il a participé aussi, un peu, à mon déjeuner. Il est 14h, je charge mon sac et je repars très en forme.
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Par Marmota1951 le 11 Mai 2020 à 04:10
Le vieux jardinier
Il fait tellement bon que je perds beaucoup de temps: Mais est-ce perdre du temps que de s’attarder sur la beauté de la nature?. Je regarde s’il n’y a pas quelques morilles sous les haies de noisetiers, mais en vain. Les près sont verts et quelques pâquerettes et autres les enjolivent. Les oiseaux chantent à tue-tête et jouent à celui qui sera le premier sur la branche. Il suffit qu’un geai annonce mon passage et tout ce petit monde se cache. Je sors de la forêt et aperçois une maisonnette. Un jardin, clôturé par une haie de groseilliers et de pieds de cassis, attire mon attention. Un vieux monsieur, béret sur la tête, arrache des poireaux. Déjà une partie du jardin est travaillé et je peux y voir, des radis, et des carottes. Les oignons sont bien verts et les petits pois longent la haie. Je vois aussi, un joli carré de salade et une douzaine de choux. Il a dû sentir ma présence, car il relève la tête. Je le salue et le complimente sur son jardin.
– vous allez tout bêcher à la main?
– oui, dit-il, peu à peu, au fur à mesure de mes besoins. Là je vais préparer pour les haricots verts et les tomates. J’ai déjà planté les pommes de terre.
Coquin a trouvé la porte d’entrée et lui fait la fête. Je fais de même, il est bien plus facile de parler de près. Il a ramassé pas mal de poireaux et des carottes qu’il avait couvertes de paille. Trois choux sont dans sa brouette. Il s’assoit et commence à nettoyer ses poireaux. Je me mets à côté de lui, prends mon « opinel » et lui propose mon aide. Bien sûr, il refuse, mais ça me fait plaisir. J’aime bien ce moment privilégié avec des personnes que je ne connaissais pas une heure plus tôt et avec lesquelles, au bout d’un moment de discussion, il me semble que nous nous connaissions depuis longtemps. Il me raconte un peu sa vie. Sa « pauvre » femme est morte, mais il continue de jardiner pour occuper son temps. Il remplit son congélateur et les enfants se servent, le dimanche, quand ils sortent de Montpellier, pour changer d’air et profiter du calme de la campagne. C’est son plaisir à lui de leur donner des légumes de son jardin, presque bio. Les petits enfants courent partout et leurs cris donnent un sens à sa vie. Il se sent tout à coup plus jeune comme du temps où ses enfants jouaient là , aussi. Le dimanche, il fait rôtir un gros poulet ou un canard nourrit au maïs et aux légumes du jardin (salades montées, feuilles de choux etc…) toujours, il les accompagne avec ses légumes. Les enfants mangent de bon coeur et finissent leur assiette, c’est sa récompense. Je lui raconte aussi, un peu ma vie et je me souviens brusquement qu’il est temps, pour moi, de repartir. Il tient absolument à me donner des oeufs et un bocal de confiture de cassis. Je le remercie et continue mon chemin. Je vais marcher un peu plus et me chercher un endroit pour dormir. Si je peux , j’éviterais de monter ma toile de tente. Je rentre de nouveaux dans la forêt, où il fait plus frais. Je suis attirée par un joli sentier dans un bois bien entretenu. J’aime cette odeur de mousse et de bois, Je respire à pleins poumons et décide de dormir là. Un peu plus loin une voiture attire mon attention. J’espère qu’il n’y a personne!!. Je m’approche timidement et constate qu’elle est abandonnée. Les vitres sont cassées, le capot ouvert, mais le siège arrière est en bon état. Voilà, j’ai trouvé ma chambre!
Je n’ai fait que cinq km de plus cet après midi, mais je suis contente. Coquin revient tout mouillé de son excursion en solitaire et vais voir où il a bien pu trouver de l’eau. Un peu plus loin coule un petit ruisseau. Je vais chercher ma casserole et la remplie pour faire cuire les six oeufs. Ils ne se casseront pas durant le trajet. Je me fais une petite soupe en sachet, deux oeufs durs, du fromage et un fruit et prépare mon lit dans ma chambre de fortune. Ensuite, je m’assieds près de mon chien et contemple l’arrivée de la nuit et peu à peu les étoiles me font un clin d’oeil. Il est temps pour moi d’aller dormir.
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Par Marmota1951 le 11 Mai 2020 à 04:05
La vieille dame
Je me réveille au chant des oiseaux, douce musique harmonieuse qui me rend joyeuse. Il fait un peu frisquet, mais c’est supportable. A travers les arbres, j’aperçois le soleil et le ciel bleu, une belle journée se prépare. Déjà, Coquin a fait sa promenade et j’ai mis à chauffer de l’ eau pour mon cappuccino. Je mange une bonne part de fromage de chèvre en attendant et fais quelques pas. De-ci, de-là, quelques fleurs de muguet, les dernières montrent leurs jolies clochettes. Je suis prête pour partir faire de nouvelles rencontres et davantage de chemin.
C’est d’un bon pas que je reprends mon circuit. Les cinq premiers km se font en une heure seulement. Le soleil darde déjà. Je rencontre une dame qui revient de son jardin et qui suit le même chemin pour rentrer chez elle. Dans son panier d’osier reposent quelques légumes d’hiver et des radis. Nous bavardons un court instant et elle me tend une botte de radis au moment de se séparer. Je la remercie et continue mon excursion. Je contemple tout en marchant ce paysage campagnard que j aime beaucoup. Le temps passe et il est déjà temps de faire ma pause déjeuner. Je donne à boire à Coquin et prépare ma dînette. Je vais manger les radis à la croque au sel, deux œufs durs , du fromage et une pomme. Pendant une bonne heure, je fais le lézard en profitant du soleil, tandis que Coquin s’est étalé de tout son long à l’ombre.
C’est bien reposée que je reprends mon cheminement. Il fait chaud pour un mois de mai !. Je suis un peu lasse et me repose à l’ombre d’une haie. Coquin en a décidé autrement. Il est parti courir !! Je le rappelle plusieurs fois tout en avançant. Il est là, dans une allée de jardin; il se fait caresser par une vieille dame qui étend le linge dans son jardin. Je m’excuse auprès d’elle du culot de mon chien. Mais elle adore les bêtes et me raconte l’histoire de sa chienne morte il y a cinq ans. De fil en aiguille, elle me propose de boire quelque chose de frais. C’est volontiers que j’accepte. A mon tour, je lui raconte ma décision de me balader. Le temps passe si vite, Il est sept heure du soir ! Je prends congé poliment et tente de partir. Mais la femme insiste pour me garder à souper. Elle est bien seule et c’est une joie pour elle de passer un bon moment avec une personne sympathique. Un potage de campagne, un reste de civet de lapin et de pommes de terre en robe des champs, une jeune salade et les premières fraises au sucre de l’année : un vrai festin!. Mais la gentille dame n’en reste pas là. Elle m’offre de dormir pour lui tenir compagnie. Ce n’est pas souvent qu’elle a de la visite. Son fils vient la voir une semaine par an. Il vit en Corse et fait le tour de la famille pour les vacances d’été. Je suis bien contente de passer un bon moment avec elle, je vais prendre une douche avec joie. C’est avec un grand plaisir qu’elle me dévoile ses photos et me raconte sa vie, jusque tard dans la nuit.
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Par Marmota1951 le 11 Mai 2020 à 04:00
Sale temps !
Le cliquetis des casseroles, le bruit des portes du placard et surtout l’odeur du café me réveillent. Il est déjà huit heures !! D’un bond, je me lève, m’habille, fais ma toilette et descends rejoindre ma logeuse. Au petit déjeuner, c’est œufs au plat, fromage frais et , surprise, elle a fait aussi des crêpes. Je la félicite et me régale. Un bon café pour terminer et c’est le moment des adieux. Elle tient à m’offrir des raisins secs maison, quelques crêpes et une omelette à l’oseille toute chaude. Je prends congé de mon hôte et pars pour d’autres aventures.
Le temps est gris. Il va pleuvoir ! Je me dis , que, jusqu’à présent, j’ai eu beaucoup de chance. Depuis que je suis partie , j’ai eu du soleil, sans un nuage et ai rencontré des personnes intéressantes.. Les jours sont à chaque fois différents . Je n’ai pas beaucoup avancé dans mon voyage. Si j’avais pris la nationale, je serais déjà à Montpellier. Mais j’ai tout mon temps et par monts et par vaux, j’apprécie mieux mon périple . J’ai appelé Zoé pour la rassurer et n’ai reçu aucun coup de téléphone ! J’avance lentement, je suis aussi grise que le temps . Je m’assois sur une grosse pierre près de la route et déjeune . Il commence à pleuvoir, je plie bagages, mets mon kway et chemine sous la pluie. J’évite les flaques qui sont sur cette vieille route de campagne. Une bétaillère s’arrête et le chauffeur me propose de monter . Je suis ravie. Il ne va pas très loin, mais au moins , je serai au sec. Je n’ose ni parler, ni le regarder, et le chemin se fait sans discours. Il me dépose près de sa ferme . Je le remercie
La pluie a cessé, l’ atmosphère c’est refroidie. Les rares voitures m’aspergent en roulant dans les flaques d’eau et je suis découragée. J’ai les pieds mouillés et coquin est trempé. Si j’avais su, je serais restée chez moi. Quelle idée ai-je eu de partir ainsi ?? J’en ai marre…..
Où vais-je dormir, dans quelle galère me suis-je fourrée ? J’aurai dû prendre ma voiture comme tout le monde , je serais déjà à la plage , à pêcher ou à bronzer ! De plus , les forêts se font rares, ce sont les garrigues qui commencent. Le paysage change, je suis dans le « midi ».
Il y a de nombreuses sortes de plantes qui piquent. Mon petit matelas va être difficile à placer. Plus loin un petit fourré m’interpelle, je m’approche et étudie l’endroit. J’ai trouvé une place pour dormir à côté d’un gros rocher et près d’un olivier. Je vais me faire un potage bien chaud. En attendant que ma soupe cuise, je regarde ces étranges fleurs du midi.. L’aphyllante de Montpellier, petite fleur bleue commence à fleurir. Le thym sauvage ou serpolet pousse partout. Quelques mimosas sauvages ont perdus leurs fleurs, gentilles gouttes d’or qui sentent si bon.
J’aperçois des orchidées un peu plus loin et m’éloigne un peu, fascinée par ces fleurs étranges et si différentes . Je fais demi tour vers mon camping gaz et mange ma soupe. Avant de me coucher, je flâne par curiosité et admire ces plantes qui poussent , malgré les rocailles et le soleil du midi.
Au loin je crois entendre de la musique. Je prête l’oreille et effectivement j’entends des guitares. Je m’allonge un peu et j’écoute. Tout à coup, j’entends parler. Coquin aboie. Deux jeunes filles bavardent et rient bruyamment. Elles me saluent et me tutoient. Ce sont deux belles gitanes aux cheveux longs et noirs, elles me demandent si je vais dormir dans cet endroit .
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oui, bien sûr ! Il ne pleut plus et le sol est déjà sec.
Nous bavardons un moment, puis elles se regardent d’une étrange façon.
J’ai sûrement un ange sur ma tête………..
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Par Marmota1951 le 11 Mai 2020 à 03:55
Les gitanes.
J’ai déjà mangé ma soupe et me suis préparée un petit lit fait de menues branches bien feuillues. J’y ai posé mon mini matelas et suis prête pour la nuit.
Maintenant, je comprends le bruit des guitares. Ce sont les gitans qui jouent au loin. Je me disais que ce ne pouvait pas être un jour de fête de village vu que nous sommes en semaine.
-<< Tu ne veux pas venir chez nous?, ce soir c’est la fête au campement. Un jeune couple était parti et ils sont revenus. Chez nous c’est la coutume, ils sont mariés. La femme garde son nom de famille, mais ils sont unis pour la vie, car ils se sont échappés ensemble. Alors, aujourd’hui, nous célébrons le mariage. Nous ouvrons la porte à tous ceux qui veulent bien venir, tous les curieux, les amis, la famille. Il y a à boire et à manger pour tout le monde et tu pourras dormir chez nous à l’abri.>>
Je réfléchis seulement un quart de seconde. Je connais bien les gitans pour leur sens de l’hospitalité. Ils ont un grand coeur et sont toujours prêts à t’aider. Ils te donnent leur amitié, mais ne leur fait jamais une « crasse ». Ils seraient tous ensemble pour te pourrir la vie. Dans le temps, ils pouvaient même te tuer. J’accepte donc avec joie et remballe mes affaires rapidement. J’ai avalé seulement mon bouillon, je finirai mon repas chez eux.
Tandis que coquin a sauté dans les bras de Chouchou, Sérénade m’aide à porter mon sac et nous voilà parties. Le campement est à environ 600m après le bois, dans une clairière. Là, des dizaines de caravanes sont rangées en cercle. Au centre, un grand feu de bois, un barbecue fait avec une demie barrique en fer, des hommes jeunes, des enfants qui s’activent. Une bonne odeur de viande grillée me met l’eau à la bouche. Des hommes plus âgés taquinent la guitare en sourdine, des enfants s’amusent et courent autour du feu. Il y en a partout! Sérénade me dit de l’attendre, elle va chercher le Papé, c’est le chef du camp respecté par tous. Personne n’entreprend quelque chose sans son avis, pour eux, c’est un sage qui a vécu et qui Sait. Des enfants rondelets et pleins de vie m’entourent de loin et m’observent, craintifs. Ils hésitent à s’approcher, tandis que coquin a fait connaissance avec trois chiens…. peu à peu, les bambins s’approchent, ils sont sales et mal habillés, mais ils paraissent en bonne santé. Un garçonnet, un peu plus hardi que les autres, fait un pas vers moi et me dit : -<< tu es une « gadgie » ? >>
-<< oui >>. Ce nom gitan veut dire, jeune femme qui appartient à un autre monde que celui des gitans. Ils nous appellent aussi des » paysans », personnes qui habitent le pays dans le sens de régions. Eux sont des nomades.
Le Papé se dirige vers moi, vêtu d’une chemise blanche, avec un grand chapeau, une belle et grande moustache qui se retourne vers le haut en arrondi. Il me tend la main et me souhaite la bienvenue. Il me dit que leur tradition est d’accepter l’étranger à sa table et de l’héberger.
Nous bavardons un moment et il me demande de m’approcher du cercle. Ils me présentent à ses enfants. Je suis reçue comme s’ils me connaissaient depuis toujours. Je me sens à l’aise avec eux. Je vais pouvoir profiter de la fête. Super, je suis très contente.
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Par Marmota1951 le 11 Mai 2020 à 03:50
La fête !
Pendant ce temps, les filles se sont parées de leurs belles robes de gitanes, rouges et noires à volants et ont mis leurs grandes boucles d’oreilles. Je m’approche du grand feu. Sur des braises, à côté du feu, cuisent, dans du papier aluminium, des pommes de terre, des oignons et des poivrons.
Sur le grill des saucisses, des côtes de porc et des demis poulets sont entrain de griller. Sur l’autre côté du feu, aussi dans les braises, cuisent des poissons de la rivière: poissons chat, perches et truites se côtoient. Il y a trois heures que j’ai mangé ma soupe, une éternité, me semble t-il!. Tout ces bonnes odeurs me mettent en appétit.
Le Papé m’explique qu’ils font la fête pour deux raisons: le mariage et le futur départ pour les Saintes maries. Il me propose de coucher ce soir dans la caravane des filles et m’invite à bien m’amuser. Je le remercie gentiment.
Je vois un attroupement qui se forme près d’une grande caravane et m’approche aussi par curiosité. Une jeune femme m’explique:
-<attendent. La Mamé va pratiquer une tradition très ancienne, celle du mouchoir. Elle va introduire un peu du mouchoir dans son sexe, pour vérifier que la mariée est bien vierge. Car, elle doit être vierge, même si elle est partie quelques jours avant son fiancé. De plus, ce soir, elle dormira avec nous, car elle doit attendre une nuit entre le mariage et sa nuit de noce, pour que le plaisir soit plus grand. >>
En effet, un peu plus tard, la doyenne sort de la caravane et brandit un mouchoir. La noce peut se faire, elle est vierge! ( Je pense qu’à l’époque où nous sommes c’est peut -être une comédie, juste pour entretenir les coutumes).
Tout le monde applaudit, les guitares s’en mêlent et tous chantent. Le Papé déclare qu’il est temps d’aller manger.
Des plats de tomates, concombres, pommes de terres, etc… forment l’entrée. Les enfants sont debout près d’une autre table et une jeune fille s’occupe d’eux. Ils mangent tout en s’amusant. Autour de la grande table, seulement sont assises les personnes âgées et les deux femmes enceintes. Le Papé s’assoit au bout de la table et récite une prière et demande un peu de silence .Il fait un petit discours. Le repas peut commencer. Je me lèche les doigts tellement la viande grillée est bonne et bien assaisonnée. Les poissons cuits dans la braise étaient badigeonnés de moutarde avec, à l’intérieur deux rondelles de citrons,. Les poivrons sont excellents, cuits dans le papier, légèrement huilé et salé. Le vin coule à flot directement du fût. Quelques jeunes en abusent. Peu à peu, les gens s’ éloignent de la table et papotent. Quatre hommes s’emparent de la guitare et jouent. Une femme chante et les jeunes filles se mettent à danser, pieds nues. Elles font des gestes harmonieux avec leurs mains et leurs bras. Elles lèvent fièrement la tête et tapent du pied. Vraiment, c’est très joli. On dirait qu’elles ne sont plus avec nous, elles dansent avec leur cœur, leur âme. Le temps s’est figé pour elles. Elles sont dans leur monde de musique et de danse, rien d’autre n’existe pour elles, le temps de la danse. Les danseuses se reposent un moment et les hommes chantent. Ensuite je suis invitée à danser avec eux , mais je n’ai pas les gênes et mes gestes ne sont pas harmonieux du tout. Je m’amuse bien. La foule tape des mains au rythme de la guitare. Les gitans savent bien s’amuser.
Des hommes, un peu ivre, commencent à se disputer et rapidement le Papé va faire le gendarme et les séparer. Il se fâche et les jeunes gens qui le respecte, se séparent. Le bal se termine vers les cinq heures du matin. Déjà les plus jeunes sont partis se coucher. Les braises rougeoient dans le petit matin et tout le monde se dirige vers les caravanes. Le camp ressemble à un champ de bataille, demain il faudra tout ranger. Les filles et les garçons dorment en groupe, dans des caravanes différentes. Je demande la permission de prendre coquin avec moi. Nous ne perdons pas de temps en discours, car le sommeil nous gagne rapidement. C’était une belle soirée.
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