• Une journée chez mes amis les gitans.

     J’ai très bien dormi, dans un lit comparable à nos lits une place. Je me réveille en forme et regarde les autres lits. Personne! Incroyable. J’ai le sommeil léger d’habitude, mais je suis stupéfaite, je n’ai rien entendu. Elles ont dû faire doucement pour ne pas me réveiller. Justement, en voilà une, Frisette, qui m’apporte un plateau avec des biscuits secs, une tasse vide, un pichet d’eau bouillante, un sachet de thé, du café en poudre et un pichet de lait. Je choisi le thé, elle me souhaite la bonne journée et un bon appétit. Elle s’assied au  bord du lit et entame la conversation. Elle est curieuse de savoir qui je suis et d’où je viens, et pourquoi je me promène avec mon sac à dos sur la route. Je lui raconte brièvement mon histoire en précisant, qu’au départ, je suis partie au hasard et, que, chemin faisant, j’ai décidé d’aller…. à la mer. Zimda, entre avec un grand pichet en fer de couleur bleue et me verse de l’eau chaude dans une bassine pour ma toilette.. J’apprécie tous ces gestes de gentillesse, tandis qu’elle s’éclipse pour me laisser à ma toilette. Il est 11h 30. Il est temps de se laver. !!

    Dehors, je ne vois que des femmes et des enfants. Les  hommes sont partis travailler. Ils font de la peinture, tapisseries, bricolages et ramonages. Ils font du porte à porte pour vendre, draps et mouchoirs qu’ils achètent à Toulouse dans les ventes aux enchères de magasins qui ont fait faillite, à bon prix. Ils le revendent très cher et malheur à ceux qui ne savent pas discuter le prix. Les hommes arriveront vers les 15 h et nous pourrons manger. Les enfants feront la sieste. Mon aide est refusée, alors, je vais me promener dans la forêt avec coquin et cherche les morilles. J’en trouve un peu et cueille aussi un joli bouquet de fleurs des champs. J’entends les camionnettes qui entrent dans le terrain et reviens rapidement au camp pour manger. Nous terminons les restes du soir et lézardons au soleil, tandis que les jeunes filles font la vaisselle. Il est surtout question du futur départ pour les Saintes, tradition très importante, chez les gitans. Ensuite, j ‘aide un peu pour la lessive et il y en a beaucoup!. Le linge trempe dans « génie sans bouillir », un homme nous amène dans un grand ruisseau pour que nous puissions rincer le linge à grande eau: à deux nous tordons draps, torchons et serviettes de toilettes. Le reste du linge est mieux traité et nous allons ensuite l’étendre sur des branches, l’herbe et sur tout ceux que nous pouvons. Les enfants sont réveillés et ont déjà goûté. Une jeune fille leur apprend à compter et les petits font des dessins. Ensuite ce sont cris et jeux de ballons jusqu’au soir.

    J’ai passé quelques jours dans un calme et une joie de vivre agréable en attendant le jour J. Tout ce petit monde se prépare pour le Grand Départ. Tout est vérifié, les véhicules, les bouteilles de gaz, les caravanes sont lavées, les rideaux… Tout est remis à neuf. C’est une fête qui leur coûte cher tous les ans, car cela entraîne beaucoup de frais avant de partir, et, une fois sur place il faut aussi payer le stationnement. Partir trop tôt, c’est cher, mais il faut tout de même y être un peu en avance pour avoir une bonne place. Ils vont aussi rencontrer la famille qui est éparpillée dans toute la France: Ils doivent montrer qu’ils vivent à l’aise sans problème d’argent. Toute l’année, ils économisent pour ce jour-là.

    Le départ est pour demain, et même les chiens ont fait leur toilette dans le ruisseau, avec les hommes, qui en ont profité pour nager. Nous, les femmes devons nous contenter de la bassine, loin du regard des hommes. C’est la dernière nuit dans la campagne.

     


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  • L es Saintes Maries de la mer.

     Très tôt ce matin les hommes se sont levés. Ils ont commencé  à ranger les intérieurs de caravane, pendant que les femmes préparent le petit déjeuner : IL y a environ 60 km à parcourir soit 2h de route. Il faut rentrer la cuisinière à gaz qui est dehors , avec son meuble blanc et ses pares -vent. La niche des chiens est nettoyée et tout s’entrepose dans une grande remorque attelée à la caravane de Johnny : les tables et les chaises,….. enfin c’est un vrai déménagement, pour une absence d’une grande semaine. La fête s’étale sur trois jours. Les deux premiers sont importants.

    Tout le monde est prêt et le cortège se forme hors du camp. Le dernier ferme le portail. Toutes ces caravanes se déplace lentement et font penser à un grand serpent qui ondule sur la route. Un homme sort et vérifie tous les attelages , les clignotants,et les grands rétroviseurs. Il s’inquiète de savoir si le Papé est installé confortablement et c’est le départ.

    Le déplacement s’est fait sans encombre jusqu’aux Saintes. Là, les attend une partie de la famille. Il faut payer sa place pour rentrer. Une dame leur  fait signe de l’autre côté des barrières , c’est la sœur du Papé  . Elle a réservé les places près de sa caravane pour réunir toute la famille. C’est vrai qu’ils se rencontrent, pour quelques uns seulement , à l’occasion de la fête.

    C’est tout un travail de<< chef>> que de se garer convenablement : Les caravanes se font face par l’entrée des portes et ainsi , ils mettent leurs auvents qui se touchent et installent les tables et les chaise tous ensembles. Les «  gazinières » et leurs «  fourbis «  sont au fond , près des arbres, les niches aussi. Toute la famille s’attroupe pour souhaiter la bienvenue aux arrivants. Ils me présentent comme une amie désireuse de connaître leur tradition. La sœur de Johnny et autres femmes de la famille qui sont sur place depuis plusieurs jours, ont confectionné le repas de midi. Bien sûr, il y a des tomates du pays et un ragoût de pommes de terre – carottes avec des gésiers de volailles et du blanc de poulet et de la purée pour les enfants. Le repas se termine par une charlotte aux fraises et des fraises au sucre. Le tout bien arrosé par un vin d’Avignon dont je tairai le nom !!

    Les femmes lavent la vaisselle et rangent, tandis que les hommes font le tour du camp. Ensuite, ils forment des groupes séparés pour faire un concours de pétanque. Les femmes en profitent pour aller faire les provisions au village. Après le concours, hommes, femmes et enfants vont à la mer. Les hommes cherchent un canal pour y pêcher le repas du soir.

    La soirée se termine par des chants et des danses gitanes, au son des guitares, autour du petit feu de bois entouré de pierres à côté de la caravane. Il est tard et demain c’est le grand jour.

     

     

     


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  • la fête.

     La nuit aura été bien courte ! Mais la soirée fut inoubliable….

    Petits et grands sont déjà debout. Je m’installe pour prendre mon petit déjeuner , pendant que les mamans préparent leurs enfants . Ils sont vêtus de leur plus beau costume de gitan. Les petites filles sont très jolies parées de leur belle robe rouge aux multiples volants . Je n’ai rien de beau à mettre pour la circonstance, mon short et un tee-shirt blanc feront l’affaire . De toute façon , je ne serais pas ridicule, il y aura de nombreux touristes.

    La messe est à 10h. La petite église est pleine à craquer et une foule immense assiste à la cérémonie dehors, grâce aux hauts-parleurs. La messe terminée, les hommes se rassemblent pour l’apéritif, ici, le fameux liquide jaune est de circonstance , accompagné d’olives sous toutes leurs formes et leurs couleurs, noires, vertes et…rouges !!, piquantes ou non ou farcies. Crevettes décortiquées et petits gâteaux secs circulent sur les tables. Les femmes sont rentrées pour faire manger les enfants, car certain vont aller à la sieste. Elles préparent le repas qui sera simple. C’est ce soir que l’on fera la fête, une fois de plus.

    A 15h30, le cortège pour amener ste Sara (h), le vrai nom est sans h., à la mer se prépare. La foule est immense, c’est à peine croyable de voir tant de monde. Je me demande d’où ils viennent, car la ville n’ est pas grande. Touristes et gitans , croyants ou non avancent en rangs serrés pour suivre le défilé. C’est un instant très poignant même si je ne suis pas croyante. Voir tout ce monde se côtoyer pour cette cérémonie, m’émeut beaucoup.

    Il y a quelques blessés à cause de la bousculade , mais rien de grave. La foule se disperse peu à peu, et les familles de gitans se regroupent. Tout le monde à soif, petits et grands. Nous sommes fin mai et le soleil est au rendez-vous, il tape un peu fort à mon avis.

    Je prends le nécessaire de pêche que m’a prêté le Papé et je me dirige vers le petit canal au fond du campement. Les petits crabes mordent à l’hameçon, je peux en attraper 2 ou 3 à la fois. Les dorades jouent à faire la course et me narguent. Le temps passe et j’ai seulement deux poissons et un multitude de crabes. Je m’approche d’un pêcheur qui rentre avec plusieurs caisses de crabes et qui m’en offre gentiment ( vrai ) Je refuse poliment et rentre au camp. Les barbecues sont déjà prêts j’offre ma «  cueillette » . Les poissons seront mangés par les petits et les crabes seront grillés, bien assaisonnés pour l’apéritif. Il n’y a pas grand chose à manger, la dedans, mais tout le monde suce ces petits crabes. Ensuite vient le moment de manger, il n’y a pas de place pour s’asseoir, seules les personnes âgées ont droit à une chaise. Les familles se sont retrouvées et ont apporté de quoi manger. Il y a de la nourriture à profusion ! Pourtant ils ne sont pas riches, mais ils ont économisé toute l’année pour cette occasion. Pas question de montrer que l’on a pas les moyens. C’est leur fierté.

    Tout le monde mange, circule d’une groupe à l’autre, papote ,tandis que les guitares s’ajoutent à la fête. Alors là, les femmes se mettent à danser au rythme de la musique, jusqu’au bout de la nuit.

     


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  •  Le Papé.

     Tout le monde se réveille tard. Quelques caravanes sont déjà parties.  Il faut ranger tout ce qui reste de la soirée et surtout remplir les poubelles et faire la vaisselle. Les jeunes filles s’en chargent tandis que les mamans s’occupent de leurs petits et rangent l’intérieur de la caravane pour leur départ. Moi aussi, je vais quitter cette famille qui m’a si bien accueilli. Je compte rester un peu plus pour pêcher et profiter du beau temps avant de repartir retrouver mon ami Zoé.

    Tout d’un coup, Zimda demande : << avez- vous vu le Papé?>>  Et bien non, personne n’a vu le Papé. Tout le monde est occupé, l’absence du Papé est passée inaperçue.  Elle va  frapper à la porte du viel homme qui ne répond pas. Elle entre timidement et l’appelle doucement. Mais pas de réponse. Alors, elle s’approche du lit et constate qu’il dort. Elle le secoue un peu, mais il ne bouge pas. Elle lui prend la main pour le faire lever un peu de force et constate qu’elle est froide. Les battements de son coeur s’accélèrent et un doute traverse son esprit. Elle prend peur et court avertir les hommes.  Ils accourent et il faut bien se rendre à l’evidence; le Papé nous a quitté sans rien dire. Il était fatigué, mais rien ne faisait penser à son départ pour l’eternité

    Le docteur est venu constater le décès.  C’est un va et vient incessant de la famille et des amis pour un dernier aurevoir. Mais un problème se pose: comment vont ils faire pour brûler la caravane? Car c’est la tradition. Après le décès, la caravane doit brûler.

     Une messe est commandée pour ce soir à 18h.  La famille y assiste religieusement. Tout le monde pense que le Papé a attendu cette dernière fête pour mourrir ensuite.  Toute la famille était là, il était content, les petits enfants aussi et il les a quitté sans un bruit, sans aucune plainte satisfait de sa vie.  Ils attendent la nuit pour l’ultime adieu.

    Il fait nuit.  Six hommes habillés de noir tiennent un grand drap beige à chaque extémité et deux sont au centre, de chaque côté. Dedans il y a le vieux gitan. Sur la plage, quelques branches rejetées par la mer sont rassemblées.  Ils y déposent le mort, le roulent dans le drap et le recouvrent de bois secs. Le plus vieux de ses fils, qui est désormais le nouveau Papé, allume le feu, aprés une dernière prière. C’est un instant trés dur pour tout le monde et surtout pour moi. Je n’avais jamais vu ça!!! Jusqu’à tard dans la nuit les hommes sont restés. Ils ont ramassé les cendres et sont rentrés.

    Mes amis sont donc restés un jour de plus et le nouveau Papé conduira la vieille voiture avec la  « maison » du Papé jusqu’au camp, où, là, ils pourront faire brûler la caravane.

     J’ai quitté mes amis avec tristesse. J’ai appris d’eux beaucoup de choses. La vie de gitan n’est pas si mal après tout. Ils savent vivre avec presque rien et profitent du jour présent. Ils ne sont pas malheureux et chaque jour leur apporte du bonheur, un bonheur simple, certes, mais si près de la nature. La chasse et la pêche leur apporte la viande ( même l’hiver, car la loi,  il l’ignore……??? ) Le ramonage, la peinture et le bricolage et la vente en porte à porte de linge qu’ils achètent à Toulouse  ( fin de série ou saisie ou achat aux enchères de lots ) leur donne l’argent nécessaire pour vivre. Ils savent marchander et ne travaillent que le matin.

     Je les quitte avec un pincement au coeur et vais terminer mes vacances en faisant un peu le tour de la côte. Ma vie de bohême, seulement le temps de mes vacances me plait beaucoup et coquin, tout joyeux de voir de nouveau mon sac sur le dos, saute de joie.

    FIN 


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