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Le Papé.
Le Papé.
Tout le monde se réveille tard. Quelques caravanes sont déjà parties. Il faut ranger tout ce qui reste de la soirée et surtout remplir les poubelles et faire la vaisselle. Les jeunes filles s’en chargent tandis que les mamans s’occupent de leurs petits et rangent l’intérieur de la caravane pour leur départ. Moi aussi, je vais quitter cette famille qui m’a si bien accueilli. Je compte rester un peu plus pour pêcher et profiter du beau temps avant de repartir retrouver mon ami Zoé.
Tout d’un coup, Zimda demande : << avez- vous vu le Papé?>> Et bien non, personne n’a vu le Papé. Tout le monde est occupé, l’absence du Papé est passée inaperçue. Elle va frapper à la porte du viel homme qui ne répond pas. Elle entre timidement et l’appelle doucement. Mais pas de réponse. Alors, elle s’approche du lit et constate qu’il dort. Elle le secoue un peu, mais il ne bouge pas. Elle lui prend la main pour le faire lever un peu de force et constate qu’elle est froide. Les battements de son coeur s’accélèrent et un doute traverse son esprit. Elle prend peur et court avertir les hommes. Ils accourent et il faut bien se rendre à l’evidence; le Papé nous a quitté sans rien dire. Il était fatigué, mais rien ne faisait penser à son départ pour l’eternité
Le docteur est venu constater le décès. C’est un va et vient incessant de la famille et des amis pour un dernier aurevoir. Mais un problème se pose: comment vont ils faire pour brûler la caravane? Car c’est la tradition. Après le décès, la caravane doit brûler.
Une messe est commandée pour ce soir à 18h. La famille y assiste religieusement. Tout le monde pense que le Papé a attendu cette dernière fête pour mourrir ensuite. Toute la famille était là, il était content, les petits enfants aussi et il les a quitté sans un bruit, sans aucune plainte satisfait de sa vie. Ils attendent la nuit pour l’ultime adieu.
Il fait nuit. Six hommes habillés de noir tiennent un grand drap beige à chaque extémité et deux sont au centre, de chaque côté. Dedans il y a le vieux gitan. Sur la plage, quelques branches rejetées par la mer sont rassemblées. Ils y déposent le mort, le roulent dans le drap et le recouvrent de bois secs. Le plus vieux de ses fils, qui est désormais le nouveau Papé, allume le feu, aprés une dernière prière. C’est un instant trés dur pour tout le monde et surtout pour moi. Je n’avais jamais vu ça!!! Jusqu’à tard dans la nuit les hommes sont restés. Ils ont ramassé les cendres et sont rentrés.
Mes amis sont donc restés un jour de plus et le nouveau Papé conduira la vieille voiture avec la « maison » du Papé jusqu’au camp, où, là, ils pourront faire brûler la caravane.
J’ai quitté mes amis avec tristesse. J’ai appris d’eux beaucoup de choses. La vie de gitan n’est pas si mal après tout. Ils savent vivre avec presque rien et profitent du jour présent. Ils ne sont pas malheureux et chaque jour leur apporte du bonheur, un bonheur simple, certes, mais si près de la nature. La chasse et la pêche leur apporte la viande ( même l’hiver, car la loi, il l’ignore……??? ) Le ramonage, la peinture et le bricolage et la vente en porte à porte de linge qu’ils achètent à Toulouse ( fin de série ou saisie ou achat aux enchères de lots ) leur donne l’argent nécessaire pour vivre. Ils savent marchander et ne travaillent que le matin.
Je les quitte avec un pincement au coeur et vais terminer mes vacances en faisant un peu le tour de la côte. Ma vie de bohême, seulement le temps de mes vacances me plait beaucoup et coquin, tout joyeux de voir de nouveau mon sac sur le dos, saute de joie.
FIN
Tags : papé, caravane, ami, Bohême, famille
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