• La fête !

     Pendant ce temps, les filles se sont parées de leurs belles robes de gitanes, rouges et noires à volants et ont mis leurs grandes boucles d’oreilles. Je m’approche du grand feu. Sur des braises, à côté du feu, cuisent, dans du papier aluminium, des pommes de terre, des oignons et des poivrons.

    Sur le grill des saucisses, des côtes de porc et des demis poulets sont entrain de griller. Sur l’autre côté du feu, aussi dans les braises, cuisent des poissons de la rivière: poissons chat, perches et truites se côtoient. Il y a trois heures que j’ai mangé ma soupe, une éternité, me semble t-il!. Tout ces bonnes odeurs me mettent en appétit.

    Le Papé m’explique qu’ils font la fête pour deux raisons: le mariage et le futur départ pour les Saintes maries. Il me propose de coucher ce soir dans la caravane des filles et m’invite à bien m’amuser. Je le remercie gentiment.

    Je vois un attroupement qui se forme près d’une grande caravane et m’approche aussi par curiosité. Une jeune femme m’explique:

    -<attendent. La Mamé va pratiquer une tradition très ancienne, celle du mouchoir. Elle va introduire un peu du mouchoir dans son sexe, pour vérifier que la mariée est bien vierge. Car, elle doit être vierge, même si elle est partie quelques jours avant son fiancé. De plus, ce soir, elle dormira avec nous, car elle doit attendre une nuit entre le mariage et sa nuit de noce, pour que le plaisir soit plus grand. >>

    En effet, un peu plus tard, la doyenne sort de la caravane et brandit un mouchoir. La noce peut se faire, elle est vierge! ( Je pense qu’à l’époque où nous sommes c’est peut -être une comédie, juste pour entretenir les coutumes).

    Tout le monde applaudit, les guitares s’en mêlent et tous chantent. Le Papé déclare qu’il est temps d’aller manger.

    Des plats de tomates, concombres, pommes de terres, etc… forment l’entrée. Les enfants sont debout près d’une autre table et une jeune fille s’occupe d’eux. Ils mangent tout en s’amusant. Autour de la grande table, seulement sont assises les personnes âgées et les deux femmes enceintes. Le Papé s’assoit au bout de la table et récite une prière et demande un peu de silence .Il fait un petit discours. Le repas peut commencer. Je me lèche les doigts tellement la viande grillée est bonne et bien assaisonnée. Les poissons cuits dans la braise étaient badigeonnés de moutarde avec, à l’intérieur deux rondelles de citrons,. Les poivrons sont excellents, cuits dans le papier, légèrement huilé et salé. Le vin coule à flot directement du fût. Quelques jeunes en abusent. Peu à peu, les gens s’ éloignent de la table et papotent. Quatre hommes s’emparent de la guitare et jouent. Une femme chante et les jeunes filles se mettent à danser, pieds nues. Elles font des gestes harmonieux avec leurs mains et leurs bras. Elles lèvent fièrement la tête et tapent du pied. Vraiment, c’est très joli. On dirait qu’elles ne sont plus avec nous, elles dansent avec leur cœur, leur âme. Le temps s’est figé pour elles. Elles sont dans leur monde de musique et de danse, rien d’autre n’existe pour elles, le temps de la danse. Les danseuses se reposent un moment et les hommes chantent. Ensuite je suis invitée à danser avec eux , mais je n’ai pas les gênes et mes gestes ne sont pas harmonieux du tout. Je m’amuse bien. La foule tape des mains au rythme de la guitare. Les gitans savent bien s’amuser.

    Des hommes, un peu ivre, commencent à se disputer et rapidement le Papé va faire le gendarme et les séparer. Il se fâche et les jeunes gens qui le respecte, se séparent. Le bal se termine vers les cinq heures du matin. Déjà les plus jeunes sont partis se coucher. Les braises rougeoient dans le petit matin et tout le monde se dirige vers les caravanes. Le camp ressemble à un champ de bataille, demain il faudra tout ranger. Les filles et les garçons dorment en groupe, dans des caravanes différentes. Je demande la permission de prendre coquin avec moi. Nous ne perdons pas de temps en discours, car le sommeil nous gagne rapidement. C’était une belle soirée.

     


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  • Une journée chez mes amis les gitans.

     J’ai très bien dormi, dans un lit comparable à nos lits une place. Je me réveille en forme et regarde les autres lits. Personne! Incroyable. J’ai le sommeil léger d’habitude, mais je suis stupéfaite, je n’ai rien entendu. Elles ont dû faire doucement pour ne pas me réveiller. Justement, en voilà une, Frisette, qui m’apporte un plateau avec des biscuits secs, une tasse vide, un pichet d’eau bouillante, un sachet de thé, du café en poudre et un pichet de lait. Je choisi le thé, elle me souhaite la bonne journée et un bon appétit. Elle s’assied au  bord du lit et entame la conversation. Elle est curieuse de savoir qui je suis et d’où je viens, et pourquoi je me promène avec mon sac à dos sur la route. Je lui raconte brièvement mon histoire en précisant, qu’au départ, je suis partie au hasard et, que, chemin faisant, j’ai décidé d’aller…. à la mer. Zimda, entre avec un grand pichet en fer de couleur bleue et me verse de l’eau chaude dans une bassine pour ma toilette.. J’apprécie tous ces gestes de gentillesse, tandis qu’elle s’éclipse pour me laisser à ma toilette. Il est 11h 30. Il est temps de se laver. !!

    Dehors, je ne vois que des femmes et des enfants. Les  hommes sont partis travailler. Ils font de la peinture, tapisseries, bricolages et ramonages. Ils font du porte à porte pour vendre, draps et mouchoirs qu’ils achètent à Toulouse dans les ventes aux enchères de magasins qui ont fait faillite, à bon prix. Ils le revendent très cher et malheur à ceux qui ne savent pas discuter le prix. Les hommes arriveront vers les 15 h et nous pourrons manger. Les enfants feront la sieste. Mon aide est refusée, alors, je vais me promener dans la forêt avec coquin et cherche les morilles. J’en trouve un peu et cueille aussi un joli bouquet de fleurs des champs. J’entends les camionnettes qui entrent dans le terrain et reviens rapidement au camp pour manger. Nous terminons les restes du soir et lézardons au soleil, tandis que les jeunes filles font la vaisselle. Il est surtout question du futur départ pour les Saintes, tradition très importante, chez les gitans. Ensuite, j ‘aide un peu pour la lessive et il y en a beaucoup!. Le linge trempe dans « génie sans bouillir », un homme nous amène dans un grand ruisseau pour que nous puissions rincer le linge à grande eau: à deux nous tordons draps, torchons et serviettes de toilettes. Le reste du linge est mieux traité et nous allons ensuite l’étendre sur des branches, l’herbe et sur tout ceux que nous pouvons. Les enfants sont réveillés et ont déjà goûté. Une jeune fille leur apprend à compter et les petits font des dessins. Ensuite ce sont cris et jeux de ballons jusqu’au soir.

    J’ai passé quelques jours dans un calme et une joie de vivre agréable en attendant le jour J. Tout ce petit monde se prépare pour le Grand Départ. Tout est vérifié, les véhicules, les bouteilles de gaz, les caravanes sont lavées, les rideaux… Tout est remis à neuf. C’est une fête qui leur coûte cher tous les ans, car cela entraîne beaucoup de frais avant de partir, et, une fois sur place il faut aussi payer le stationnement. Partir trop tôt, c’est cher, mais il faut tout de même y être un peu en avance pour avoir une bonne place. Ils vont aussi rencontrer la famille qui est éparpillée dans toute la France: Ils doivent montrer qu’ils vivent à l’aise sans problème d’argent. Toute l’année, ils économisent pour ce jour-là.

    Le départ est pour demain, et même les chiens ont fait leur toilette dans le ruisseau, avec les hommes, qui en ont profité pour nager. Nous, les femmes devons nous contenter de la bassine, loin du regard des hommes. C’est la dernière nuit dans la campagne.

     


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  • L es Saintes Maries de la mer.

     Très tôt ce matin les hommes se sont levés. Ils ont commencé  à ranger les intérieurs de caravane, pendant que les femmes préparent le petit déjeuner : IL y a environ 60 km à parcourir soit 2h de route. Il faut rentrer la cuisinière à gaz qui est dehors , avec son meuble blanc et ses pares -vent. La niche des chiens est nettoyée et tout s’entrepose dans une grande remorque attelée à la caravane de Johnny : les tables et les chaises,….. enfin c’est un vrai déménagement, pour une absence d’une grande semaine. La fête s’étale sur trois jours. Les deux premiers sont importants.

    Tout le monde est prêt et le cortège se forme hors du camp. Le dernier ferme le portail. Toutes ces caravanes se déplace lentement et font penser à un grand serpent qui ondule sur la route. Un homme sort et vérifie tous les attelages , les clignotants,et les grands rétroviseurs. Il s’inquiète de savoir si le Papé est installé confortablement et c’est le départ.

    Le déplacement s’est fait sans encombre jusqu’aux Saintes. Là, les attend une partie de la famille. Il faut payer sa place pour rentrer. Une dame leur  fait signe de l’autre côté des barrières , c’est la sœur du Papé  . Elle a réservé les places près de sa caravane pour réunir toute la famille. C’est vrai qu’ils se rencontrent, pour quelques uns seulement , à l’occasion de la fête.

    C’est tout un travail de<< chef>> que de se garer convenablement : Les caravanes se font face par l’entrée des portes et ainsi , ils mettent leurs auvents qui se touchent et installent les tables et les chaise tous ensembles. Les «  gazinières » et leurs «  fourbis «  sont au fond , près des arbres, les niches aussi. Toute la famille s’attroupe pour souhaiter la bienvenue aux arrivants. Ils me présentent comme une amie désireuse de connaître leur tradition. La sœur de Johnny et autres femmes de la famille qui sont sur place depuis plusieurs jours, ont confectionné le repas de midi. Bien sûr, il y a des tomates du pays et un ragoût de pommes de terre – carottes avec des gésiers de volailles et du blanc de poulet et de la purée pour les enfants. Le repas se termine par une charlotte aux fraises et des fraises au sucre. Le tout bien arrosé par un vin d’Avignon dont je tairai le nom !!

    Les femmes lavent la vaisselle et rangent, tandis que les hommes font le tour du camp. Ensuite, ils forment des groupes séparés pour faire un concours de pétanque. Les femmes en profitent pour aller faire les provisions au village. Après le concours, hommes, femmes et enfants vont à la mer. Les hommes cherchent un canal pour y pêcher le repas du soir.

    La soirée se termine par des chants et des danses gitanes, au son des guitares, autour du petit feu de bois entouré de pierres à côté de la caravane. Il est tard et demain c’est le grand jour.

     

     

     


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  • la fête.

     La nuit aura été bien courte ! Mais la soirée fut inoubliable….

    Petits et grands sont déjà debout. Je m’installe pour prendre mon petit déjeuner , pendant que les mamans préparent leurs enfants . Ils sont vêtus de leur plus beau costume de gitan. Les petites filles sont très jolies parées de leur belle robe rouge aux multiples volants . Je n’ai rien de beau à mettre pour la circonstance, mon short et un tee-shirt blanc feront l’affaire . De toute façon , je ne serais pas ridicule, il y aura de nombreux touristes.

    La messe est à 10h. La petite église est pleine à craquer et une foule immense assiste à la cérémonie dehors, grâce aux hauts-parleurs. La messe terminée, les hommes se rassemblent pour l’apéritif, ici, le fameux liquide jaune est de circonstance , accompagné d’olives sous toutes leurs formes et leurs couleurs, noires, vertes et…rouges !!, piquantes ou non ou farcies. Crevettes décortiquées et petits gâteaux secs circulent sur les tables. Les femmes sont rentrées pour faire manger les enfants, car certain vont aller à la sieste. Elles préparent le repas qui sera simple. C’est ce soir que l’on fera la fête, une fois de plus.

    A 15h30, le cortège pour amener ste Sara (h), le vrai nom est sans h., à la mer se prépare. La foule est immense, c’est à peine croyable de voir tant de monde. Je me demande d’où ils viennent, car la ville n’ est pas grande. Touristes et gitans , croyants ou non avancent en rangs serrés pour suivre le défilé. C’est un instant très poignant même si je ne suis pas croyante. Voir tout ce monde se côtoyer pour cette cérémonie, m’émeut beaucoup.

    Il y a quelques blessés à cause de la bousculade , mais rien de grave. La foule se disperse peu à peu, et les familles de gitans se regroupent. Tout le monde à soif, petits et grands. Nous sommes fin mai et le soleil est au rendez-vous, il tape un peu fort à mon avis.

    Je prends le nécessaire de pêche que m’a prêté le Papé et je me dirige vers le petit canal au fond du campement. Les petits crabes mordent à l’hameçon, je peux en attraper 2 ou 3 à la fois. Les dorades jouent à faire la course et me narguent. Le temps passe et j’ai seulement deux poissons et un multitude de crabes. Je m’approche d’un pêcheur qui rentre avec plusieurs caisses de crabes et qui m’en offre gentiment ( vrai ) Je refuse poliment et rentre au camp. Les barbecues sont déjà prêts j’offre ma «  cueillette » . Les poissons seront mangés par les petits et les crabes seront grillés, bien assaisonnés pour l’apéritif. Il n’y a pas grand chose à manger, la dedans, mais tout le monde suce ces petits crabes. Ensuite vient le moment de manger, il n’y a pas de place pour s’asseoir, seules les personnes âgées ont droit à une chaise. Les familles se sont retrouvées et ont apporté de quoi manger. Il y a de la nourriture à profusion ! Pourtant ils ne sont pas riches, mais ils ont économisé toute l’année pour cette occasion. Pas question de montrer que l’on a pas les moyens. C’est leur fierté.

    Tout le monde mange, circule d’une groupe à l’autre, papote ,tandis que les guitares s’ajoutent à la fête. Alors là, les femmes se mettent à danser au rythme de la musique, jusqu’au bout de la nuit.

     


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  •  Le Papé.

     Tout le monde se réveille tard. Quelques caravanes sont déjà parties.  Il faut ranger tout ce qui reste de la soirée et surtout remplir les poubelles et faire la vaisselle. Les jeunes filles s’en chargent tandis que les mamans s’occupent de leurs petits et rangent l’intérieur de la caravane pour leur départ. Moi aussi, je vais quitter cette famille qui m’a si bien accueilli. Je compte rester un peu plus pour pêcher et profiter du beau temps avant de repartir retrouver mon ami Zoé.

    Tout d’un coup, Zimda demande : << avez- vous vu le Papé?>>  Et bien non, personne n’a vu le Papé. Tout le monde est occupé, l’absence du Papé est passée inaperçue.  Elle va  frapper à la porte du viel homme qui ne répond pas. Elle entre timidement et l’appelle doucement. Mais pas de réponse. Alors, elle s’approche du lit et constate qu’il dort. Elle le secoue un peu, mais il ne bouge pas. Elle lui prend la main pour le faire lever un peu de force et constate qu’elle est froide. Les battements de son coeur s’accélèrent et un doute traverse son esprit. Elle prend peur et court avertir les hommes.  Ils accourent et il faut bien se rendre à l’evidence; le Papé nous a quitté sans rien dire. Il était fatigué, mais rien ne faisait penser à son départ pour l’eternité

    Le docteur est venu constater le décès.  C’est un va et vient incessant de la famille et des amis pour un dernier aurevoir. Mais un problème se pose: comment vont ils faire pour brûler la caravane? Car c’est la tradition. Après le décès, la caravane doit brûler.

     Une messe est commandée pour ce soir à 18h.  La famille y assiste religieusement. Tout le monde pense que le Papé a attendu cette dernière fête pour mourrir ensuite.  Toute la famille était là, il était content, les petits enfants aussi et il les a quitté sans un bruit, sans aucune plainte satisfait de sa vie.  Ils attendent la nuit pour l’ultime adieu.

    Il fait nuit.  Six hommes habillés de noir tiennent un grand drap beige à chaque extémité et deux sont au centre, de chaque côté. Dedans il y a le vieux gitan. Sur la plage, quelques branches rejetées par la mer sont rassemblées.  Ils y déposent le mort, le roulent dans le drap et le recouvrent de bois secs. Le plus vieux de ses fils, qui est désormais le nouveau Papé, allume le feu, aprés une dernière prière. C’est un instant trés dur pour tout le monde et surtout pour moi. Je n’avais jamais vu ça!!! Jusqu’à tard dans la nuit les hommes sont restés. Ils ont ramassé les cendres et sont rentrés.

    Mes amis sont donc restés un jour de plus et le nouveau Papé conduira la vieille voiture avec la  « maison » du Papé jusqu’au camp, où, là, ils pourront faire brûler la caravane.

     J’ai quitté mes amis avec tristesse. J’ai appris d’eux beaucoup de choses. La vie de gitan n’est pas si mal après tout. Ils savent vivre avec presque rien et profitent du jour présent. Ils ne sont pas malheureux et chaque jour leur apporte du bonheur, un bonheur simple, certes, mais si près de la nature. La chasse et la pêche leur apporte la viande ( même l’hiver, car la loi,  il l’ignore……??? ) Le ramonage, la peinture et le bricolage et la vente en porte à porte de linge qu’ils achètent à Toulouse  ( fin de série ou saisie ou achat aux enchères de lots ) leur donne l’argent nécessaire pour vivre. Ils savent marchander et ne travaillent que le matin.

     Je les quitte avec un pincement au coeur et vais terminer mes vacances en faisant un peu le tour de la côte. Ma vie de bohême, seulement le temps de mes vacances me plait beaucoup et coquin, tout joyeux de voir de nouveau mon sac sur le dos, saute de joie.

    FIN 


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  • Chapitre 1

    65 ans !Le moment de ma vie tant espéré et tant redouté! Me voilà, enfin, à la retraite; Je suis en face de la réalité et c’est une situation qui me bouleverse et qui bouleverse ma vie.

    Je suis à l’usine, où, tradition oblige, je paye le pot de départ. Un par un, 12mes collègues et amis, hommes et femmes, ainsi que mon futur ex-patron me serrent la main dans un dernier au revoir. Certains me jalousent et comptent le temps qu’il leur reste à travailler pour……….partir enfin. J’ai eu droit au petit discourt de mon patron et à celui des collègues. Ils vont me regretter !! Le patron surtout !!! Bien sûr!!! Il m’aura vite oublié et certains de mes collègues aussi, une nouvelle va me remplacer au bureau. Certes j’y suis depuis plus de trente ans, rien ne m’échappe ni des employés ni du patron. J’étais son pense-bête, son employée et son épaule droite. Je l’ai vu grandir à côté de son père et  plus tard, le remplacer. bouquet

    Chantal et Claudine, m’aident à ranger les pots de fleurs et autres bouquets, le bâton de rando, la casquette et le sac à dos, dans la voiture. Dans mon sac à main, se trouve le plus gros des cadeaux: un voyage au Tyrol. Le pays de Sissi. Pas de date de départ pour me laisser le temps de me retourner, dans ma nouvelle vie.11

    Derniers  baisers et premier tour de clef, vers la liberté. Je clique sur ma télécommande, Mon portail s’ouvre. Je laisse la voiture dans l ‘entrée du jardin, ce soir, c’est restaurant chinois. Un self pas cher où l’on peut choisir à volonté leurs ravioles et autres crevettes, ainsi que les nombreux desserts:  j’adore leurs beignets de banane.

    16Je tarde à sortir de la voiture, c’est la dernière fois que je rentre de l’usine. Plus tard, je débarrasse la voiture et range les cadeaux. Je dispose les fleurs dans des vases et cherche la meilleure des places pour les pots de fleurs. Je m’assoie sur le canapé,  exténuée. Tout d’un coup, je me sens seule.  Certes, seule,  je le suis depuis trois ans. Je suis veuve et mon mari me manque beaucoup. Il ne passe pas un jour où je ne pense pas à lui. Mais c’est un autre vide que je ressens, très différent. Une certaine impression d’être tout d’un coup inutile.14

    Un dernier effort. Je vais me doucher et me préparer pour ma sortie. Il est 20 h et Chantal est sur le parking, elle m’attend, Claudine n ‘est pas libre, ses enfants lui rendent visite. J’ai passé une bonne soirée. Le sujet de conversation  sur la retraite a été dominant. Nous avons éclairci quelques questions que je me posais, et, d’après mon amie, je suis chanceuse. La retraite c’est pas si mal, c’est une nouvelle forme de vie, une autre vie……enfin, c’est ce qu’elle en pense.

    chapitre 2Chapitre 2 (1)

    Je suis rentrée, la voiture est au garage et je bois une tisane de camomille. Rapidement, je fais un tour sur internet et me couche. Le sommeil tarde à venir, je pense et réfléchi. Comment vais-je remplir mes journées?, demain sera un nouveau jour.

    Nous sommes dimanche et je prends mon temps. Je flâne et vaques à mes petites besognes journalières sans grande conviction. Mais le ménage, il faut le faire, car si je laisse traîner, j’ai encore moins le courage. Pour moi c ‘est une obligation, pas un plaisir!!

    Chapitre 2 (4) Je suis un petit bout de femme, ni trop grosse, ni trop maigre, les cheveux très longs, que je peigne souvent en chignon ou en une très longue tresse, les yeux bleus. J’aime à m’occuper du jardin que j’ai rétrécie depuis la mort de mon défunt mari. Je contrôle un petit potager et quelques arbres fruitiers. Les cassis occupent une grande partie du mur latéral, ensuite viennent les groseilles et les framboisiers, qui, eux, deviennent bien envahissants. Des cerisiers, deux pruniers (reine-claude) deux pommiers, un qui donnent des fruits fin août et un autre qui donnent des pommes jusqu’à l’hiver, et  trois poiriers, dont un (passe-crassane) Chapitre 2 (2) qui me donnent des poires à conserver l’hiver, occupent le fond du jardin. A l’automne et en été, j’ai des confitures, coulis et autres gelées à cuisiner. Le reste est passé en pelouse, agrémentée de fleurs et de rosiers. C’est le fils du voisin qui passe la tondeuse. J’aime la pèche, mais ma passion, c’est la randonnée en montagne. J’aime aussi, à recevoir mes amis et à cuisiner pour eux. Tout le monde est content et se régale. Petit déjeuner et ménage terminé, je vais aller faire un tour au marché. J’ai envie d’un canard, mais je prendrai une canette, car pour une personne seule cela suffit amplement. J’ai besoin d’œufs pour faire ma tarte au citron et achète une bouteille de jus de pomme fait maison au petit paysan du coin. Au kiosque, je prends mon journal ainsi qu’un mot fléché. Sur le chemin du retour, je croise ma voisine avec laquelle  j’échange quelques banalités. La préparation du repas, le déjeuner et le rangement m’occupent bien. cuisine-066

    C’est après-midi, je vais pécher. Hier, j’ai pris soin de mouiller un gros carton que j ‘ai déposé sur mon compost et je vais pouvoir y trouver, dessous, de jolis vers. J’aime à pécher au vers et à la cuillère.

    La journée est magnifique! Il fait chaud déjà,  pour un mois de mai. Les truites restent à l’ombre. Sur la soirée, j’en prends enfin deux, je peux donc rentrer à la maison. Je suis assez satisfaites, car elles sont belles et font 28 et 34 cm. De retour à la maison, je les nettoie, me douche et prends mon souper. Internet, pour parler avec ma famille et télévision vont m’aider à terminer la journée.

    Mais voilà, demain, je ne me lèverai pas, pour aller travailler. Que vais-je faire de tout ce temps?

    Chapitre 2 (3)

     

     


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  • Chapitre 3

    Le mois de juin se poursuit au gré des cueillettes   au jardin et d’autres plantations de légumes. Cette année,  les mauvaises herbes n’ont pas le temps de pousser.  Je les traque tous les jours.  Les fraises sont cueillies au fur et à mesure. Les glaces sont au congélateur, les confitures datées et rangées à la cave. 222
    Je n’ai pas eu d’enfant. C’est mon grand regret. Je n’aurai donc pas le plaisir de gâter mes petits enfants avec mes confitures et pâtisseries.  Je finis par distribuer mes confitures aux amis.

    Maintenant, il est plus facile d’avoir des enfants avec le progrès. Mon mari était stérile à cause d’une simple maladie (les oreillons). La vie est ainsi. Mon mari était fils unique et rêvait d’une famille nombreuse? Mais voilà!

    [640x480] J’alterne les journées jardinage et les journées pèche. Le jeudi, je participe au thé dansant du village d’à côté, de 14 h 30 à 19 h, pour la modique somme de 8e, une boisson comprise.  J’adore danser et surtout les danses folkloriques. Une fois par semaine je rencontre mes amies pour une soirée  » restaurant.  » Nous passons un bon  moment et j’ai droit aux petits potins de l’usine.  Le soir, à la fraîche, je fais le tour de ma zone pavillonnaire. Je rencontre des personnes que je côtoyais tous les jours et que je ne connaissais pas. Ma grande liberté me permet de papoter avec eux, d’échanger des recettes de cuisine avec les dames, des plants de fleurs et de légumes, de taper dans le ballon des enfants, de pousser une bicyclette, de consoler un petit qui n’a jamais le ballon ( ! ) …, le pauvre . Je caresse les chiens, les chats, un petit baiser au dernier né, avec un cadeau fait main……..Je m’ouvre aux autres et ouvre les yeux. Quarante ans  que je vis dans ce quartier et je ne connais personne.   111 « Metro, boulot, dodo,  » c’est tellement vrai, sauf que, ici, c’est  » auto, boulot, dodo « . Les jours ont poussé les autres toutes ces années, tellement vite. Je n’avais pas le temps de tout faire. J’étais pleine de bonnes intentions: Demain, je ferai ceci et puis, non, la semaine prochaine ce sera mieux et passent la semaine, les mois et les années. Le temps s’est écoulé sans rien dire, sans bruit……..et je n’ai rien fais  de ma vie. Travailler, travailler, travailler, se reposer…., les vacances d’été, à la montagne, espérées pendant onze longs mois, la maladie de mon mari, parti bien trop vite, travailler encore……. La vie monotone et travailleuse.

    Maintenant, c’est différent et j’apprécie particulièrement ces sorties en soirée, dans le quartier, une autre vie…..oui !!!

    Chapitre 4

    A l’ombre de mon parasol, sur ma terrasse au sud, je continue un canevas commencé depuis longtemps. Quand mes yeux ne peuvent plus discerner le vert clair du vert légèrement plus foncé (par exemple), je le pose. Je prends mon livre, qui est à porté de main, lis et finis par m’endormir quelques minutes.

    Ce soir, c’est restaurant avec mes anciennes collègues et amies. On va au restaurant  périgourdin. Une bonne douche me réveille et je me sens très en forme. La soirée est un peu fraîche, alors je choisis une tenue automnale, me maquille juste un peu . Après un tour de clef et quelques kilomètres plus loin, je suis devant la   » Potée périgourdine  »  dans le village d’à côté.  Ch. 4 (2) J’attends dans mon véhicule. Enfin, voilà les filles qui arrivent en riant. Elles ont l’air bien joyeuses! Les effusions terminées, nous nous installons à l’intérieur. Un jeune et beau serveur s’approche de nous et nous donne les cartes. Pour moi, ce sera: salade périgourdine, magret de canard bleu, sauce aux cèpes, et une belle part de tarte aux fraises. Le tout arrosé d’un vin, bien connu, du lot. Je donne, à mes deux amies,  un pot de confiture de fraises faite à cru. C’est bien meilleur, car la saveur du fruit reste bien présente.  Au fur et à mesure de notre conservation, j’apprends le mariage d’un tel et la naissance de la petite dernière du chef. L’usine tourne à plein rendement, avant la fermeture pour trois semaine, pour les congés d’été. Chantal va passer quelques jours chez ses enfants et, Claudine part au Maroc chez une collègue qui l’a invité.  Nous sommes fin juillet et les vacances ne vont pas tarder. Moi, je reste  à la maison, jardin oblige, mais en septembre je partirai dans les Pyrénées. Ch. 4 (1)

    Au moment de se quitter, Chantal me demande de l’attendre deux minutes. Elle sort de la voiture et me ramène, dans un joli panier…………….un chien !!! Un mignon caniche abricot de deux mois, pour m’accompagner dans mes ballades, me dit- elle.  Je ne serai plus seule. Je la remercie et rentre chez moi, toute heureuse. J’aime bien les animaux et suis satisfaite de ma soirée. Je pose cet animal dans la pelouse, pour le laisser gambader un peu, mais il ne bouge pas. Je rentre dans ma maison, bois une bonne tisane de thym et monte me coucher, avec, à mes côtés, le chien que je vais nommer:  » Coquin « .

     

     


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  • Chapitre 5 

    Je suis réveillée par un gémissement. C’est vrai, le chien! Comment il s’appelle déjà? ah oui, c ‘est Coquin! je l’attrape et le pose à côté de moi,  sur mon lit. Il me lèche un peu et entreprend de jouer avec moi. C’est un vrai coquin.

    téléchargement (1)

    Petit déjeuner, ménage, repassage sont terminés. Je vais donc partir faire les courses. Il me faut des croquettes, une jolie corbeille pour que Coquin dorme bien, une gamelle, une laisse, un collier et quelques jouets.collier-strass-rouge-pour-chien-et-chat-petit-prix

    De retour à la maison, je déballe les courses et prépare le coin chien. Il goûte les croquettes, boit de l’eau, mais j’ai beau le poser dans sa corbeille, il ne veut pas y rester. Il en ressort rapidement !mon jardin 032
    Après le repas, nous allons dans le jardin que mon nouvel ami à l’air de bien apprécié. Il court partout, gratte la terre  , remue sans arrêt sa queue, va et vient vers moi. Il s’éclate ! Je vais devoir commencer, tout doucement,  son éducation.  Enfin , il est fatigué et se couche à l’ombre de mon transat.jardin_083 Je flâne au potager, arrache de ci de là, quelques mauvaises herbes. Je m’installe ensuite dans ma chaise d’été sans reveiller le chien. Je lis un peu, et m’endors. C’est Coquin qui me réveille en grattant la toile de ma chaise.

    Le soir et le matin , je vais devoir le sortir et vais donc allonger mon temps de promenade. Le souper terminé, nous sortons, lui avec sa nouvelle laisse et moi avec mon bâton de randonnée que je place au devant de son  » nez « , pour qu’il reste à mon niveau. Dans le quartier, les voisins ont plaisir à caresser mon chien. Les enfants s’interpellent  pour courir et jouer avec lui. Je passe un bon moment avec tous ces gens que j’ai ignoré si longtemps .images

    Le réveil est très agréable grâce au soleil qui inonde ma chambre. Je n’aime pas fermer les volets la nuit. Je prépare un pique-nique car , je vais passer la journée au lac et pêcher. Hier, au soir, j’ai placé des cartons mouillés sur un peu de terre, pour récolter , ce matin, des vers. Cette fois-ci, je pense  pour deux. Croquettes et eau fraîche, et gamelle pour Coquin, pâté, salade de riz et fruits pour moi. la couverture servira pour nous deux. Je passe un peu la serpillière dans ma chambre car mon bébé  y a fait pipi . Je l’accompagne dans le jardin , pour qu’il termine ses besoins , et réunis tout le nécessaire pour passer une belle journée, dans le coffre. UN arrêt à la boulangerie et nous voilà sur la route. Un léger brouillard s’élève sur le lac. Je vais à mon coin préféré  et lance ma ligne à l’eau. Pas de touche.peche_044 J’essai quelques lancers  à la cuillère , pour ramener une seule perche. Coquin gambade un peu partout et dérange gentiment les pêcheurs. Le déjeuner sur l’herbe terminé, je pose ma canne, avec un vers,  sur un baton en Y et entame une petite sieste s:ur la couverture que je partage avec coquin.

    A 17 h, fatiguée, je plis mes cannes. Un beau poisson chat et une perche, c’est peu, mais ce sera mon repas du soir! Aprés la sortie quotidienne, Coquin s’est installé de lui-même dans sa corbeille. Je monte donc dans ma chambre  à petits pas de ……..chatpeche et jardin 001

    Chapitre 6

    Mes amies sont rentrées de vacances et ont repris le travail. Coquin devient plus sage, et il sait reconnaître son prénom.  Il adore les câlins et passe son temps à dormir. Il ne quitte plus sa corbeille ! Nous sommes mi septembre et au jardin il ne reste plus grand chose: quelques haricots verts et surtout des haricots à rames pour récolter les grains en demi-secs, les choux, carottes, persil, oseille, courgettes, potimarrons et citrouilles. Les pommes ne sont pas encore bien mûres, ni les poires. Les derniers pots de gelée de mures sont allés retrouver les framboises, fraises et cassis

    11dans la cave. Les conserves d’haricots verts et autres légumes sont sur l’étagère du bas. Je suis fin prête pour attaquer l’hiver.

    C’est le moment idéal , pour moi , pour partir en vacances. Oui, en vacances! car, même si je ne travaille plus, la retraite ne veut pas dire vacances. Je suis plus libre de mon temps, c’est vrai, mais les vacances ce sont des moments passés ailleurs, une soif de voir autre chose. J’ai besoin de changer d’air! l’air des Pyrénées, par exemple…………

    14 Je choisis donc, sur internet, un camping pas trop cher, et près de la montagne, entre Tarbes et Lourdes, sur la droite en face d’une petite ferme. A Tarbes, j ‘ai des amis et je les appelle pour leur annoncer ma venue

    Je dois bien réfléchir pour ne rien oublier.

    La toile de tente, le lit, le duvet, le meuble pliable de cuisine, la bouteille de gaz, et  sa plaque à deux feux, la lampe à gaz et une recharge, les casseroles et poêle et les ustensiles de cuisines sont les premiers à être préparés.
    13 Dans une caisse en plastique, je prévoie le ravitaillement en conserves maisons et autres choses qui ne périssent pas , en attendant le départ. Je n’oublie surtout pas mon sac à dos, bâton, casquette, chaussures , chaussettes grosses, k way…….et, le nécessaire en mini pour Coquin.

    Mon couteau multifonctions et surtout quelques briquets, pas d’allumettes à cause de l’humidité, des mouchoirs et plusieurs barres de céréales sont dans le sac à dos.12
    Ce soir, c’est restaurant, avec mes amies. Coquin va rester bien sage à la maison.  Nous choisisssons de rester dans le village pour aller manger dans une table d’hôtes. Nous avons réservés pour trois depuis une semaine; ce sera un repas  du marché, c’est à dire des aliments de saisons.

    Un potage de citrouille, une terrine de lapins aux herbes aromatiques, et une pintade aux choux verts et rouges.  Le dessert, servi chaud est bien bon , c’est un crumble aux pommes avec un coulis de mûres et une pointe de chantilly, le tout agrémenté d’une réserve du patron. nous nous sommes régalées. Nous nous retrouverons dans un mois, car je pars dans la semaine ………en » exil « …

    17 - Copie

     


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